" Otez-moi l'amertume"
Le goût anglais est parfois très différent du nôtre ; allié à celui du dix-neuvième, il peut donner des choses étonnantes. Ainsi, j'ai visité, samedi dernier, le Royal Pavillon, afin de voir si son intérieur s'assortissait à sa laideur externe ; j'ai été déçu dans mes espérances, certaines pièces sont joliment décorées. Des gardiens aimables comme Cerbère m'ayant presque assommé lorsque j'ai voulu prendre ma première photo, j'ai dû tenter les autres sous le manteau, ou plutôt la veste ; elles sont floues, mal cadrées, inexploitables. Je vais donc tenter de vous décrire un peu le palais.
Là où l'art français est toute mesure, où les chinoiseries Régence sont finement inscrites au sein de boiseries claires, la facture anglaise déborde tout, est profusion et mouvement.
La plupart des pièces est ornée d'une multitude de lampes, paneaux laqués, dragons en bronze, faux bambous en fonte et mobilier en rotin ; tout, en un mot, vous transporte dans un autre univers, très loin du goût des salons dix-huitième. Nous sommes de nos jours plus habitués à des athmosphères à la Walter Scott, mais à l'époque cela devait impressionner.
Certaines pièces donnent vraiment l'impression d'être en pleine Cité interdite, d'autres sont plus classiques, en un style empire, l'influence de l'Empire des Indes en plus ( de nombreux pilastres, par exemple, ont pour chapiteaux des palmes, là où, en France, l'on eût trouvé une copie d'art grec ou égyptien ). L'ensemble est assez heureux.
La pièce la plus fameuse, la salle à manger, est très impressionnante, sans être vraiment belle ; un immense espace est presque tout empli par un lustre de bronze, chargé de dragons de style holywoodien et de triangles de verre qui ajoutent un effet manga.
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Autre occupation de la journée, finir de lire les passionnants Diaries de Duff Cooper, homme d'Etat francophile que certains d'entre-vous connaissent déjà ; malheureusement, l'auteur de l'édition qui est à la bibliothèque centrale ne connaissait pas aussi bien la France que notre sympathique diplomate : les notes comprennent certaines erreurs.
Pour se consoler, rien de mieux que d'aller voir le film The Queen, retraçant la vie politique d'Elisabeth II. Certains passages sont hilarants, mais il est vrai que la Famille royale est, en soi, amusante, si décalée dans une société britannique un peu post-moderne.
Au moment même où sort en France un film sur un Président, les Britanniques se pressent pour voir l'histoire de leur Reine.
En parlant de présidents, il faut absolument que je me procure le tome trois do Pouvoir et la Vie. J'aime de plus en plus les Mémoires, c'est un genre littéraire passionant ; voir l'Histoire racontée par ceux-là même qui la firent, c'est délicieux.
La collection Le Temps retrouvé du Mercure de France est trésor pour cela, elle vient de faire paraître les Mémoires de saint-Priest.
Libellés : Culture
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