lundi, janvier 22, 2007

Homo sum, homini nihil a me alienum puto


Je voudrais aujourd'hui saluer un geste du président de la République. Certes, ce blog n'a pas vocation à se contenter de commenter l'actualité, non plus qu'à constituer un panégyrique de M. Chirac ; mais son discours en hommage à ceux qui, en France, sous Vichy, ont protégé des juifs au péril de leurs vies était digne et beau.

A Auschwitz, en 2005

Aux grands Hommes, la patrie reconnaissante ; il est juste d'en témoigner à ceux qui, face à une entreprise d'asservissement de la personne humaine, ont été, à leur façon, l'image de ce qu'il y a de meilleur en l'homme, l'honneur de l'humanité.

Ces hommes, ces femmes n'ont pas laissé de grande oeuvre, n'ont pas été hommes d'Etat, n'ont pas laissé leurs noms dans l'Histoire ; mais ils ont suivi, nonobstant la difficulté, la sentence de Montaigne, tout homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition ; Il y a de la grandeur dans ce geste.

"

Il y a 65 ans, dans l’Europe presque entièrement asservie, la barbarie nazie décide l’exécution de la solution finale. Une idéologie effroyable fait régner la terreur : une idéologie raciste, fondée sur cette croyance criminelle et folle selon laquelle certains hommes seraient par nature "supérieurs" à d’autres. Et cela, au cœur d’un continent qui se considère comme l’aboutissement de la civilisation…

[...]

Il y a les ténèbres. Mais il y a aussi la lumière. La France affamée, terrorisée, coupée en deux par la ligne de démarcation, est étourdie par l’ampleur de la défaite. Mais très vite, des voix s’élèvent. Dès le 11 novembre 1940, de Gaulle écrit de Libreville au Congrès juif mondial que le statut des Juifs n’aura aucune validité dans la France libre. Il fustige la violation, par Vichy, "des principes de liberté et de justice égale, sur lesquels la République française était fondée". Puis, dans le pire effondrement de notre histoire, alors même que la Wehrmacht semble encore invincible, des Françaises et des Français en très grand nombre vont montrer que les valeurs de l’humanisme sont enracinées dans leurs âmes. Partout, ils accueillent, cachent, sauvent au péril de leur vie des enfants, des femmes, des hommes, persécutés parce qu’ils sont Juifs. Dans ce cauchemar éveillé que les Juifs vivent depuis 1940, la France, leur France, à laquelle ils ont cru si intensément, n’a pas disparu. Dans les profondeurs du pays, une lueur d’espoir se fait jour. Elle est fragile, vacillante. Mais elle existe.

"

Il y a les ténèbres, mais il y a la lumière ; loin du pessimisme de 1995, cette phrase est un élan d'espoir et de foi en l'avenir, une leçon de celui qui quitte la plus haute charge.

Jacques Chirac s'en va sur un message digne.

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