"C'est le don du ciel, c'est le talent."
Nous parlions auteurs, poursuivons ; je suis en train de relire les passionnants Mémoires de Talleyrand, personnage qui m'a toujours fasciné, et dont le souvenir, par d'étranges raisons, a été lié à bien des étapes importantes de ma vie.
L'un des escaliers du Petit-Palais, photographie prise à la mi-septembre
Passionnants, disais-je, mais décevants de sa part ; le plus intéressant de sa vie politique est passé sous silence, de même que sa vie privée.
Les Mémoires du Cardinal de Bernis, du duc de Choiseul, du Marquis de saint-Priest, pourtant hommes d'Etat moins retors, nous en apprennent plus l'envers de la haute politique, qui n'est pas toujours le bon sens, et encore moins appliqué à de grandes choses ; si tel était le cas, le monde serait bien moins amusant.
Si vous cherchez des anecdotes à la Chamfort, préférez L'Album Perdu ; mais si la belle langue ne vous laisse de marbre, prenez le temps d'ouvrir cet ouvrage, vous y trouverez de fort belles pages.
Fac-simile d'une émouvante lettre de Louis XVIII, placée en exergue des Mémoires, dans l'édition du duc de Broglie.
Les mémorialistes français ont donné à notre littérature de grands et plaisants moments ; Montaigne, Saint-Simon, le prince de Ligne, Chateaubriand, le général de Gaulle en ont fait l'illustration.
Le style, et il y en a de mille sortes, ne s'apprend pas ; c'est le don du ciel, c'est le talent.
Sans monter aussi haut, Le Mesnagier de Paris, le Journal de l'Estoile, ou celui des Goncourt sont très intéressantes.
Montaigne, à présent, dont je relisais justement un chapitre des Essais, ce week-end, lorsque j'ai découvert cette phrase étonnante,
Or ce livre, dequoy je parle, pour venir à son but, fait une description de Seneque tres-injurieuse, ayant emprunté ces reproches de Dion l'historien, duquel je ne crois aucunement le tesmoignage.
J'aime beaucoup cet auteur, mais je n'apprécie guère d'être traité de la sorte. Il s'agit ici, évidemment, de Dion Cassius.
Libellés : Culture
2 Comments:
Un lecteur me demandant, par courriel, quelques précisions concerant la fameuse lettre de Louis XVIII, les voici.
Cette missive date, si je ne m'abuse, du 8 juillet 1815, date de l'entrée du Roi dans un Paris occupé par les Prussiens et les Anglais.
Vitrolles, qui avait eu vent du projet de Blücher de faire sauter le pont d'Iéna, ayant alerté le Désiré, ce dernier écrivit à Talleyrand afin qu'il fît pression sur Wellington, ayant peur d'essuyer un refus s'il agissait de lui-même.
Je vous recopie ici le mot du Roi, l'original étant peu lisible sur mon site.
"J'apprends dans l'instant que les Prussiens ont miné le pont de Jena, et que vraissemblablement ils veulent le faire sauter cette nuit même, le D. d'Otrante a dit au Gal Maison[*] de l'empêcher par tous les moyens qui sont en son pouvoir, mais vous savez bien qu'il n'en a aucun ; faites tout ce qui est en votre pouvoir, soit par vous-même, soit par le Duc, soit par Lord castlereagh. Quant à moi, s'il le faut, je me porterai sur le pont, on me fera sauter si l'on veut.
J'ai été fort content des deux lords pour la contribution.
Samedi, à 10 heures
Louis
A mon Cousin, le Pce de Talleyrand"
Le Roi se porta effectivement sur le pont, mais les souverains alliés, arrivés le 10, sauvèrent notre pont, et notre Roi.
Le plus amusant, dans cette lettre, ce me semble, est de voir que si Louis XVIII n'emploie pas, pour désigner Talleyrand et Maison, leurs titres d'Empire, il le fait pour Fouché.
* Nicolas Joseph, Marquis et Maréchal Maison, après une brillante carrière militaire (Fleurus, Austerlitz, la Bérésina), se rallia aux Bourbons, fut nommé Gouverneur de Paris, et leur resta fidèle durant les Cent-Jours.
Tiens tiens... cet escalier du petit palais me rappelle une autre photo prise lors de ma découverte de l'intérieur de ces lieux...
http://petitixe.blogspirit.com/archive/2006/05/24/petit-palais.html
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