mercredi, janvier 24, 2007

Anne, par jeu, me jecta de la neige

Enfin, il neige ! deux ou trois centimètres, juste assez pour tenir, mais si ça continue toute la journée, cela finira par faire assez.
Un vrai plaisir ; j'avais bien peur de ne pas voir neiger, dans un pays au climat si marin.
Quand mon train est passé sur le viaduc d'où l'on voit toute la ville, j'ai, pour la première fois,
trouvé belle cette basse ville à l'anglo-saxonne, aux laideurs architecturales en partie dégradées.
Un air de Palais d'été de Simla.
Les rues, les places, les quais sont, par contre, recouverts de véritables congères de sel. L'Angleterre est un pays très sensibilisé à l'écologie, où il fait bon se dire super-green, fustiger les industries polluantes, ne jurer que par le tri sélectif, contre tous la circulation automobile (les Anglais feraient-ils de la prose bo-bo sans le savoir ? je connais certains habitants des environs d'Odéon, du canal Saint-Martin, ou de la Butte aux Cailles qui ne seraient pas dépaysés) ; mais la neige venu, il serait dommage de se priver de rejetter des tonnes de sel dans la nature.
Toutes les villes de l'Angleterre sont, l'hiver venu, transformées en annexes de la Mer morte ; comme disait Charles d'Orléans, quand l'écologie rencontre la cause palestinienne, le temps revêt son manteau de froidure et de sel.
La neige, aussi, a passablement désorganisé le réseau de trains de banlieue ; mais il est vrai qu'il n'avait pas besoin de cela pour accumuler les retards et autres "technical faults".
Les services d'intérêt général sont vraiment le point faible du Royaume-Uni.

Avec beaucoup d'imagination, on dirait se croirait aux Jardins d'Alamut

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lundi, janvier 22, 2007

Homo sum, homini nihil a me alienum puto


Je voudrais aujourd'hui saluer un geste du président de la République. Certes, ce blog n'a pas vocation à se contenter de commenter l'actualité, non plus qu'à constituer un panégyrique de M. Chirac ; mais son discours en hommage à ceux qui, en France, sous Vichy, ont protégé des juifs au péril de leurs vies était digne et beau.

A Auschwitz, en 2005

Aux grands Hommes, la patrie reconnaissante ; il est juste d'en témoigner à ceux qui, face à une entreprise d'asservissement de la personne humaine, ont été, à leur façon, l'image de ce qu'il y a de meilleur en l'homme, l'honneur de l'humanité.

Ces hommes, ces femmes n'ont pas laissé de grande oeuvre, n'ont pas été hommes d'Etat, n'ont pas laissé leurs noms dans l'Histoire ; mais ils ont suivi, nonobstant la difficulté, la sentence de Montaigne, tout homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition ; Il y a de la grandeur dans ce geste.

"

Il y a 65 ans, dans l’Europe presque entièrement asservie, la barbarie nazie décide l’exécution de la solution finale. Une idéologie effroyable fait régner la terreur : une idéologie raciste, fondée sur cette croyance criminelle et folle selon laquelle certains hommes seraient par nature "supérieurs" à d’autres. Et cela, au cœur d’un continent qui se considère comme l’aboutissement de la civilisation…

[...]

Il y a les ténèbres. Mais il y a aussi la lumière. La France affamée, terrorisée, coupée en deux par la ligne de démarcation, est étourdie par l’ampleur de la défaite. Mais très vite, des voix s’élèvent. Dès le 11 novembre 1940, de Gaulle écrit de Libreville au Congrès juif mondial que le statut des Juifs n’aura aucune validité dans la France libre. Il fustige la violation, par Vichy, "des principes de liberté et de justice égale, sur lesquels la République française était fondée". Puis, dans le pire effondrement de notre histoire, alors même que la Wehrmacht semble encore invincible, des Françaises et des Français en très grand nombre vont montrer que les valeurs de l’humanisme sont enracinées dans leurs âmes. Partout, ils accueillent, cachent, sauvent au péril de leur vie des enfants, des femmes, des hommes, persécutés parce qu’ils sont Juifs. Dans ce cauchemar éveillé que les Juifs vivent depuis 1940, la France, leur France, à laquelle ils ont cru si intensément, n’a pas disparu. Dans les profondeurs du pays, une lueur d’espoir se fait jour. Elle est fragile, vacillante. Mais elle existe.

"

Il y a les ténèbres, mais il y a la lumière ; loin du pessimisme de 1995, cette phrase est un élan d'espoir et de foi en l'avenir, une leçon de celui qui quitte la plus haute charge.

Jacques Chirac s'en va sur un message digne.

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jeudi, janvier 18, 2007

Vous êtes toujours contre

Le Monde ! Le Monde ! Le Monde ! Les éditoriaux de J.-M. Colombani donnent rarement dans le comique ; avant-hier midi, ce fut le cas, aux dépends de l'auteur.

Savez-vous cette polémique, assez basse, je l'avoue, sur la richesse de la candidate socialiste ? le Monde n'a pas laissé de s'insurger contre ce "coup tordu".
"Ce procédé est détestable. En réalité, il s'agit d'une affaire anodine qui n'est en rien illégale ou immorale", poursuit le journaliste insurgé.
La critique de ces attaques ad hominem est légitime, elle l'eût bien plus été si Le Monde n'eût lui-même sombré dans cette ornière.
M. Colombani avait l'indignation moins sourcilleuse, quand paraissaient dans son journal nombre d'articles insinuant que M. de Villepin aurait cherché à nuire à M. Sarkozy, en gardant pour lui des informations sur un certain listing ; il ne s'agissait, là non plus, d'une affaire qui n'était en rien illégale,
M. Colombani parle aussi de moralité ? il n'en est peut-être pas le meilleur juge qui soit.
N'a-t-il pas, lors de cette même affaire, continuellement laissé entendre, dans les colonnes du journal dont il a la charge, que le Premier ministre pourrait être inculpé ? N'a-t-il pas laissé contourner le secret de l'instruction ?
Plus généralement, Le Monde n'a-t-il pas eu tendance à mettre en doute la véracité du témoignage du Premier ministre, sans jamais douter de celles des informations contenues dans les fameuses notes du général Rondot ? Il semble, pour le moins, étonnant qu'un spécialiste du renseignement garde trace écrite, chez lui de surcroît, de conversations sensibles avec les premiers personnages de l'Etat ; il l'est d'autant plus qu'il ne les ait détruites avant la perquisition effectuée à son domicile.
Pour en revenir à la moralité de M. Hollande et Mme. Royal, personne ne leur reprochait d'être riches ; je ne pense pas que ce soit là chose infâmante. Ce qui a choqué bien des gens, c'est que François Hollande soit permis de publiquement dénigrer les riches, notamment lors d'une émission de Mots Croisés, tout en en étant un.
La démagogie est aussi vieille que la démocratie, anytos n'est pas né avec notre siècle ; Duff Cooper écrivit même qu'elle était la condition sine qua non pour y jouer un rôle. Je ne cherche pas ici à accuser M. hollande, mais à vous parler du Monde.
Son attitude, je l'avoue, me déçoit, ces derniers temps ; il me semble appliquer la politique du double standard, justement dénoncée par Chateaubriand.
Il en est ainsi de son traitement des photos ; comment expliquer que celles représentant M. Hollande, Mme Royal ou M. Strauss-Kahn les présentent toujours sous leur meilleur jour, quand celles figurant Mme Alliot-Marie, M. Chirac, ou M. Sarkozy nous donnent souvent à voir un rictus, une grimace, un mauvais ?
Je puis vous assurer que, en vrai, si j'ose dire, l'apparence de ces gens n'est pas si inégalitaire (je ne puis me prononcer sur l'actuel Président de la République, ne l'ayant jamais vu que de loin ; peut-être est-il réellement décati).
Un exemple, tiré de l'édition en ligne du 18 janvier
N'est-il pas éloquent ?
Le Monde serait-il entré en campagne ? si tel est le cas, il est assez triste de voir que le grand journal national franais n'ait pas la force d'agir autrement.
Un très mauvais message, écrit, comme toujours, dans l'instant, sous le coup de l'émotion, sans doute.

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Qu'on porte les dépêches à la chancellerie; qu'on serve à l'instant un des fromages.

Avant-hier, avant-soirée vins et fromages dans South Kensington. Il y avait là du délicieux Saint-Nectaire, du Roquefort au goût prononcé, de la bûche de chèvre, tendre comme vous savez quoi, du Brie, roi des Fromages, et d'autres sortes encore ; il y avait là du Bordeaux. Tant de choses, en un mot, que je n'avais pas vu depuis longtemps, depuis mon retour de France, il y a un peu plus d'une semaine.


J'ai bien peur de m'être saoûlé aux Brulières de Beychevelles, un vrai gâchis. Le duc d'Epernon a dû se retourner dans la tombe, ou s'en frotter les mains.

J'ai recommencé à prendre une citation pour titre, surveillons-nous ; si je continue, cela finira avec ce message politique que je me suis retenu de poster.

La vente des réserves de la Mairie, à l'automne dernier.

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mercredi, janvier 17, 2007

För Sverige I Tiden

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin, et regardons vite la suite des vacances, avant que la lassitude ne me gagne.

D'Helsinki, donc, je pris le ferry pour Stockholm ; après quelques tours ethnologiques dans les différents endroits où les finlandais vont se saoûler, le temps d'une traversée, je me calai dans un fauteuil (les cabines étant bien plus chères), à côté d'un norvégien rentrant d'un tour de Finlande, et d'une suisse, faisant de même.
La nuit se passa sans encombre, si ce n'est l'arrivée bruyante, dans notre salle, de Français, plus préoccupés de leurs petites personnes que du sommeil des autres ; après avoir allumé la lumière, parlé à voix haute, et surtout retiré leurs chaussures (Ach, l'odeur), ils se calmèrent.
Réveil tôt le matin, sortie sur le pont, couvert d'une épaisse plaque de glace ; le soleil se levait sur la baltique, entre les innombrables îles qui sont devant Stockholm. Souvent, elles présentent sur leurs rivages un chapelet de ces maisons de bois rouges qui évoquent tant le Nord. Toutes avaient une estacade, seule voie d'accès en dehors des mois de gel.
Lever de soleil sur la Baltique
L'une de ces îles aux maisons rouges
Le Nord, certes, mais celui-ci n'était pas le même, les notes si étranges du Pohjola finlandais se muaient en sons plus gutturaux du Norden suédois.
Enfin, je débarquai au port de Stockholm, passai un coup de fil à Julie, et sautai dans le métro, n'ayant qu'une hâte, prendre une douche et me changer.
Vue aérienne de Gamla Stán
A propos, après moult hésitations, j'ai fini par tester le sauna ; il eût été dommage de partir sans cela. L'impression de propreté et le coup de sang que cela vous donne est très agréable, mais je le déconseille au gens introvertis et aux natures sensibles.
S'ensuivit la visite de la Venise du Nord, très riche cité, aux splendides collections. Je vis aussi Julie, ainsi qu'une de ses amies, visitant un marché de Noël, à Skansa, et y goûtant, comme à Helsinki, toutes les spécialités locales me tombant sous la curiosité ; j'ai plus mangé en huit jours qu'en quinze jours normaux.
Un jour est court, hélàs, et je dû partir dès le lendemain, sans même avoir le temps de faire un saut au Vasa, moi qui adore l'Histoire du XVIIIème (plaignez-moi).
Vue de Skansa, en direction de Gamla Stán
Après un léger souci de car (au Cityterminalen, la gare routière (Eh oui, le suédois, pot-pourri d'Anglais d'Allemand, est bien plus compréhensible que le Finlandais), lorsque le car pour Stavska Airport arrive, on le remplit, puis lorsqu'il n'y a plus de place assises, Förgot, Förgot, l'on fait circuler les pauvres pékins qui demeurent sur le quai, le prochain car étant dans une demi-heure), après avoir, disais-je, laissé passer un car, je pus monter dans le mien.
L'aéroport de Stavska est à 95 km de la capitale, ce qui fut l'occasion d'une découverte de cette campagne enneigée.
Quelques heures après, ayant survolé le Danemark, le nord des Pays-Bas, et la vaster mer de nuages qui était au sud, je me posai à Beauvais, de retour en France, dans la brume et la grisaille.
Un peu de car jusqu'à la Porte Maillot, et me voilà rentré à Paris.
La suite de mes vacances fut plus classique, Noël en famille, à Grenoble, un peu de ski, rino-pharyngite, et donc fin des projets de réveillon du 31 avec des amis, convalescence, avion pour Gatwick, suite de l'année scolaire.
Cette semaine, un peu de travail ; dans quelques semaines, d'autres voyages.
L'an prochain, la suite de Sciences Po.

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samedi, janvier 13, 2007

Kiitos !


Kiitos, merci, tout d'abord, à tous ceux qui prennent de leur temps pour un blog aussi affligeant.
Merci à tous mes amis qui m'ont encouragé à le reprendre ; sans eux, il serait mort.
Enfin, puisque je fais ce poste pour raconter mes vacances, dont le début fut nordique, un merci tout particulier à Pim, âme de ce voyage.

Par où recommencer ? de l'aéroport de Londres-Stansted, le 12 décembre 2006. Il pleuvait, ce jour-là, comme tant d'autres en ce pays.
J'avais traîné dans un café de Covent Garden avec une amie, Joan, pris le bus numéro 11 jusqu'à Liverpool Street station, et le train pour l'aéroport ; je me trouvais dans ce hall, le sourire au coeur et le plaisir à l'âme.
Ainsi commençaient mes vacances.

Arrivée à Tampere, deuxième ville de Finlande, avec seulement 300.00 habitants ; mais il est vrai que dans un pays de 5 millions d'âmes, cela fait beaucoup. Deux heures de car, et me voilà 180 kilomètres plus au Sud, à la gare centrale d'Helsinki (Rautatientauri). Je rencontre Pim, il est deux heures du matin, nous rentrons chez lui.

Hakaniemi (la place du Marché), vue du msée d'Art moderne ;
il est trois heures moins le quart, la nuit tombe.


Quelle splendide ville qu'Helsinki ! des rues du vieux centre au Musée d'Art moderne, de la cathédrale blanche au café Fatzer (fameux pour ses chocolats, tout aussi fameux), de ses splendides jeunes filles à ses nuits cosmopolites, j'ai appris à aimer cette ville.

Le port, vu du ferry pour Suomenlinna
de la ville surgit le dôme de la cathédrale.

Le palais du Sénat, sur la place centrale (Kaisaniemi)
Le Sénat, comme son nom ne l'indique pas (phrase à la Duhamel), est le Conseil de Gouvernement
La Cathédrale blanche se trouve sur notre gauche, au somment d'unne volée de marches,
à droite, une rue mène au port.

Le débouché de l'esplanade sur le port.


Deux choses m'ont d'abord surpris : le fait que toute inscription, dans le sud du pays, soit bilingue, finnois et suédois, la minorité suédophone ne représentant pourtant guère plus de 7% de la poulation ( la population finnophone des îles d'Åland n'a pas cette chance ) ; et l'architecture de la ville, le centre historique étant très peu étendu, le reste alternant entre ordres troisième Reich, stalinien, et pompidolien.

La Cathédrale blanche, symbole de la ville.


Les jeunes femmes aussi, pour répondre à Tanguy ; j'ignorais qu'il y eût tant de femmes splendides au delà des Maréchaux. Un rêve quotidien, mais presque inaccessible ; pourquoi faut-il, mon Dieu, que les plus belles soient toutes avec de pauvres laids, parfois croisement subtil entre le chale et le vieux ouèche-ouèche (ceci n'ayant aucun rapport avec leur physique) ?

Tanguy, car j'ai pu revoir nos trois erasmus de Sciences Po, qui donnaient la coutume locale : finlandia et paquets ramenés d'Estonie ou de Russie. Il faut dire que l'alcool vendu en Finlande, dans des magasins d'Etat, est plus cher qu'au Royaume-Uni (c'est dire).

La statue de Karl Gustaf Emil, vapaaherra Mannerheim (Charles Gustave Emile, baron Mannerheim), le plus francophone de tous les suédophones finlandais.
Au fond, le palais du parlement, en plus pur style speerien.


Enfin les trois temps forts de ce séjour (outre le passage obligé devant la statue de ce cher Maréchal Mannerheim) furent la visite des Suomenlinna, la fête de la Sainte-Lucie, et un accident qui nous est arrivé, ou plutôt, qui est arrivé à Pierre, au Café Esplanadi (nous ne parlerons pas des mauvais souvenirs).

Le voilà, ce fameux palais, chef d'oeuvre de l'architecture nordique.
La photo est floue ? c'est dû à des petits problèmes d'obturation.


La fête de la Santa Lucia, tout d'abord, moment important du calendrier nordique, est l'occasion, à Helsinki, de très beaux chants (entonnés par de charmantes chanteuses) dans la Cathédrale blanche, suivis d'une procession.

La procession sortant de la cathédrale
Les deux photos suivantes montrent le cortège dans la nef, puis descendant les marches menant à Kaisaniemi


Vue aérienne de l'archipel, prise depuis le Sud
Au fond, la ville d'Helsinki, et le ferry de la Viking line entrant au port


L'archipel de Suomenlinna, situé à la sortie du port, fut fortifié par l'armée suédoise, en 1748, pour protéger la côte du royaume, sur le golfe de Finlande ; la forteresse de Viapuri (elle ne sera renommée Suomenlinna qu'en 1918, Sveaborg en suédois), impressionnant enchevêtrement de fortifications enneigées qui, sur ces basses îles de granit usées par la glace, semble surgir des flots figés de la Baltique, servit notamment contre la Russie, en 1808, et, devenue russe, contre les escadres françaises et britanniques, durant la guerre de Crimée.

L'un des bâtiments du port de l'île principale

Le village.

Paysage de la Baltique, rochers usés et mer figée, sous un ciel d'acier.

L'entrée du port en période de gel.


Je n'ai qu'un seul regret, ne pas avoir vu la mer gelée.

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vendredi, janvier 12, 2007

Perii, Interii

Las, tout était dit ; la mort.

Mort, car je l'étais ; du moins, ce blog l'était.


La Mort de Roland, enluminure (1455-1460) de Jean Fouquet,
in Les Grandes Chroniques de France, Bibliothèque nationale

Il vit encore, voici donc quelques nouvelles ; vous les avez sûrement déjà reçues par un autre biais, mais vous aurez des photos.

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